Lorsqu’il y a 15 ans, Elaine Aron écrivait « La personne hypersensible », ses études évoquaient l’existence de 15 à 20 % d’hypersensibles tant chez les êtres humains que chez les animaux sauvages : mouches, oiseaux, poissons, antilopes, gnous, etc…

Ce que révélaient ces recherches, c’est qu’en temps normal, parmi les êtres qu’ils soient humains ou animaux, qui vivent en groupe, en horde, en banc ou en troupeau et dans une sécurité « normale », 15 à 20% d’entre eux ont un rôle spécifique : prévenir les membres de leur communauté des dangers environnants. Ils sont, pour ce faire, dotés de sens plus actifs et plus fins, qui permettent une vigilance accrue. Ils ont des hyper-sens. Ce sont des hypersensibles.

Parmi les humains, les hypersensibles ont toujours existé. À toutes les époques, par l’écriture, la peinture, la mode, les poèmes et les pamphlets, par leurs symptômes physiques et émotionnels, ils ont dénoncé les dangers d’un monde centré sur « le progrès », un matérialisme focalisé production, rendement, compétitivité et combativité.  Un monde dans lequel on oublie de s’émerveiller.

Dans les 20 dernières années les hypersensibles ont été appelé tour à tour :  lanceurs d’alerte, sentinelles, et même canaris (qui, dans les mines de charbon, prévenaient de l’imminence de coups de grisou -par leur mort-).

Nous ne sommes pas en temps normal. Nous vivons même des temps jamais vus dans l’histoire de l’humanité.

À danger plus grand, hypersensibles/lanceurs d’alerte plus nombreux.

Notre monde était déjà à bout de souffle et en profonde mutation avant que Covid 19 ne fasse son apparition. Des philosophes, sociologues, économistes, écologistes, scientifiques tiraient la sonnette d’alarme : nous avons dépassé le seuil du « vivable à long terme », la planète risque de nous débarquer. Les chiffres aujourd’hui proposés, font état d’une population d’hypersensibles en hausse et effectivement, nous sommes nombreux, notamment parmi les thérapeutes, à constater que le nombre des hypersensibles est en train d’exploser.

Les formidables travaux de Jeanne Siaud Facchin ont permis d’identifier ceux que l’on appelle : les zèbres, les HPI – haut potentiel intellectuel- les HPE – haut potentiel émotionnel – et sont apparus dans la foulée, les kynésthésiques, les empathes, etc…Tous ces hypersensibles dont on dit « officiellement » qu’ils sont 30% de la population quand ils sont plus proches de 45%, tous ces enfants, ces jeunes qu’on appelle les milléniales, ces adultes aussi, ont une particularité en commun : leurs hyper-sens.  Dotés d’une super empathie, d’une intelligence vive et hors norme, d’un besoin de liberté d’action et d’une créativité et d’une intuition sans borne, ils expriment et témoignent de ce qui fait leur mal être : L’être humain évolue, son cerveau aussi, et les vieux fonctionnements d’un monde à bout de souffle, lui, n’évolue pas assez vite. De fait, ils ne trouvent pas leur place dans le vieux monde parce qu’il ne leur correspond pas.  Que ce soit l’école (15 ans d’une vie), l’orientation vers des études supérieures, le cadre et le management d’une activité professionnelle, le rapport à la hiérarchie, le choix d’un lieu de vie, les modes de vie, tout est remis en question. Ce qui leur est proposé est vécu comme trop étroit. Comme un empêchement à être qui s’exprime dans les cabinets de thérapeutes et chez les médecins hélas, souvent rapide à dégainer antidépresseurs, anxiolytiques ou Ritaline.

Tous ces hypersensibles ne sont plus là juste pour tirer la sonnette d’alarme, ils sont bien trop nombreux. Leur présence « hors cadre » oblige les chercheurs, les psychopédagogues à modifier l’existant.  Réellement.

Par exemple: Les entreprises de recrutement nord américaines, prennent aujourd’hui très au sérieux les hauts potentiels, parce qu’ils sont un atout incontestable en entreprise.

Qu’on les appelle HPI, HPE, zèbres, hypersensibles, kynésthésiques, empathes, leur nombre et l’expression croissante de leur mal être est très évocateur d’un phénomène de société.

Notre société est à bout de souffle, une autre se dessine  doucement. Plus consciente, plus engagée aussi. La présence en masse des hypersensibles peut permettre un monde plus juste et plus humain. Par leurs aspirations, leur sens aigu de la justice, leur lien à la nature et au faire ensemble, ils sont là pour permettre un vivre ensemble plus respectueux de la diversité au sein de l’humanité et de la planète.